Ordre d’expulsion Espagne : procédure et révocation

Dans le domaine de l’immigration, l’ordre d’expulsion est une mesure administrative qui oblige un étranger à quitter le territoire national, et qui peut être prononcée à la suite d’une procédure administrative ou judiciaire. En général, l’expulsion est accompagnée d’une interdiction de retour, qui s’applique non seulement à l’Espagne, mais aussi à l’espace Schengen, en fonction des circonstances du cas.

Dans quels cas une ordre d’expulsion est-il prononcé ?

Conformément à la Loi Organique 4/2000, l’ordre d’expulsion peut être prononcé comme alternative à l’amende dans les cas suivants :

  1. Infraction grave : Inclut les violations des normes de sécurité publique ou les manquements liés au séjour en Espagne sans l’autorisation nécessaire.
  2. Infraction très grave : Telles que la participation à des activités portant atteinte à la sécurité nationale, l’immigration irrégulière, ou la commission de délits punis par des peines de prison supérieures à un an.
  3. Délits intentionnels : Condamnations définitives, tant en Espagne qu’à l’étranger, pour des crimes dont la peine implique plus d’un an de prison.

Effets découlant de l’ordre d’expulsion

L’expulsion d’un étranger entraîne plusieurs effets importants, tels que :

  • L’extinction de toute autorisation de séjour ou de travail que l’étranger pourrait détenir en Espagne.
  • L’interdiction d’entrée en Espagne pendant la période déterminée dans la décision d’expulsion.
  • Dans certains cas, la fermeture temporaire des établissements ou des locaux ayant été utilisés pour violer les lois sur l’immigration, avec des sanctions allant de 6 mois à 5 ans.
  • La saisie des biens utilisés pour commettre l’infraction, en particulier lorsqu’il s’agit d’activités illégales liées à l’immigration clandestine.

De plus, cet ordre sera communiqué au Consulat ou à l’Ambassade du pays de l’étranger et enregistré dans le Registre central des étrangers.

Procédure pour l’Ordre d’Expulsion

La procédure pour l’imposition d’une ordonnance d’expulsion peut suivre deux voies : la procédure ordinaire ou la procédure prioritaire. Cette dernière est généralement la plus couramment utilisée, car elle permet de simplifier le processus d’expulsion.

Tout d’abord, le commissariat de police notifiera à l’étranger le début de la procédure d’expulsion, en fournissant ses informations personnelles et en précisant les raisons justifiant la mesure. À partir de ce moment-là, en tant qu’avocats spécialisés en droit de l’immigration à Madrid, nous nous chargeons de rédiger un mémoire de défense dans un délai maximum de 48 heures, où nous réfutons la légitimité de l’expulsion, présentons des preuves soutenant notre position et, si nécessaire, proposons la réalisation de preuves supplémentaires.

L’administration compétente est tenue de rendre une décision dans un délai maximum de six mois, conformément à l’article 225 du Règlement 557/2011 du 20 avril. Si aucune décision n’est rendue dans ce délai, nous pourrons demander la caducité de la procédure. En cas de décision, celle-ci pourra faire l’objet d’un recours : recours de restitution devant le même organisme ayant pris la décision (dans un délai d’un mois) ou recours contentieux-administratif devant les tribunaux (dans un délai de deux mois).

L’expulsion immédiate

Dans des cas exceptionnels, l’expulsion immédiate peut être demandée lorsque l’étranger est impliqué dans un procès judiciaire relatif à des crimes graves. La demande est adressée au juge, qui autorise l’expulsion dans les plus brefs délais, sans excéder 3 jours, sauf circonstances exceptionnelles justifiant la non-application de cette mesure.

Exceptions à l’expulsion d’Espagne

Une ordonnance d’expulsion ne pourra pas être imposée dans certains cas spécifiques, tels que :

  • Étrangers nés en Espagne ayant résidé légalement dans le pays pendant plus de 5 ans.
  • Résidents de longue durée : Si l’étranger a résidé légalement en Espagne pendant une période considérable, les liens familiaux et sociaux seront évalués avant de prendre une décision d’expulsion.
  • Personnes bénéficiant de la protection internationale : Les bénéficiaires de l’asile ou de la protection dans un autre État membre de l’UE ne peuvent pas être expulsés vers leur pays d’origine si cela présente un risque pour leur sécurité.
  • Exceptions pour raisons de santé ou de grossesse : L’expulsion ne sera pas effectuée si elle concerne des femmes enceintes ou si elle présente un risque pour leur santé ou celle de leur bébé.

Durée de l’interdiction d’entrée en Espagne

L’interdiction d’entrée en Espagne imposée à la suite de l’expulsion a une durée limitée qui varie en fonction des circonstances. En général, l’interdiction peut aller jusqu’à cinq ans. Cependant, si l’étranger représente une menace grave pour l’ordre public, la sécurité nationale ou la santé publique, l’interdiction peut être étendue jusqu’à dix ans, conformément à l’article 58 de la Loi 4/2000 du 11 janvier, sur les droits et libertés des étrangers en Espagne.

Dans certains cas, l’expulsion peut être imposée sans que l’interdiction d’entrée soit appliquée, comme lorsqu’un étranger se trouve en situation irrégulière ou travaille sans les permis de séjour et de travail appropriés (articles 53.1 a et b de la Loi 4/2000).

Durée de l’ordonnance d’expulsion et de l’interdiction d’entrée

L’interdiction d’entrée dans le pays varie en fonction des circonstances du cas. En général, cette interdiction ne dépassera pas 5 ans. Cependant, si l’étranger représente une menace grave pour l’ordre public, la sécurité nationale ou la santé publique, cette interdiction peut être étendue jusqu’à 10 ans. Cette mesure s’applique également aux territoires Schengen en vertu d’accords avec les pays membres.

Révocation de l’Ordonnance d’Expulsion

La révocation de l’ordonnance d’expulsion est possible dans diverses circonstances, conformément à l’article 241 du Règlement 557/2011. Certaines des situations qui peuvent entraîner la révocation comprennent :

  • Si l’étranger qui a fait l’objet d’un ordre d’expulsion pour séjour irrégulier démontre qu’il a précédemment demandé une autorisation de séjour pour des circonstances exceptionnelles.
  • Si, dans le cas de l’expulsion pour séjour irrégulier ou travail sans permis, une demande de séjour a été faite pour des raisons exceptionnelles (comme dans les cas de victimes de violences domestiques, de traite des êtres humains ou de collaboration avec des organisations criminelles).
  • Si l’étranger a un ordre d’expulsion en attente d’exécution, mais qu’il existe des indices clairs que sa demande de séjour pourrait être recevable, bien qu’elle n’ait pas encore été acceptée.

L’amende au lieu de l’expulsion

La Cour suprême, dans son arrêt n° 366/2021, établit une doctrine importante concernant les sanctions pour séjour irrégulier en Espagne. Conformément à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), il n’existe pas d’automatisme entre séjour irrégulier et expulsion. La législation communautaire sur le retour exige qu’il y ait des circonstances aggravantes supplémentaires pour que l’expulsion soit applicable.

Dans ce sens, la jurisprudence établit que la règle générale sera l’imposition d’une amende pour séjour irrégulier, et ce n’est que si des circonstances aggravantes justifiant l’expulsion sont identifiées que cette mesure pourra être appliquée. Le principe de proportionnalité doit prévaloir, et la sanction la plus grave, l’expulsion, ne sera appliquée que lorsque les faits justifient cette mesure.

Ainsi, l’expulsion est considérée comme une mesure exceptionnelle, et son application dépendra des détails spécifiques du dossier et de l’évaluation des circonstances aggravantes présentes dans le cas.

Délai d’exécution de l’ordonnance d’expulsion

Le délai d’exécution de l’ordonnance d’expulsion dépend du type de procédure suivie :

  1. Procédure prioritaire : L’expulsion sera exécutée immédiatement.
  2. Procédure ordinaire : L’étranger disposera d’un délai volontaire pour quitter le pays, lequel peut être prolongé s’il a des enfants à charge ou si des circonstances exceptionnelles existent. En cas de non-départ de l’Espagne dans ce délai, l’expulsion forcée sera alors effectuée.

Questions fréquentes sur l’Ordre d’Expulsion

  1. Dans quels cas un ordre d’expulsion peut-il être imposé ?
    • Estar en situación irregular en España.
    • Participar en actividades ilegales que atenten contra el orden público o la seguridad nacional.
    • Ser condenado por un delito en España o en otro país con penas superiores a un año de prisión.
  2. Un ordre d’expulsion peut être imposé lorsque l’étranger a commis des infractions très graves ou graves, telles que :
    • Être en situation irrégulière en Espagne.
    • Participer à des activités illégales portant atteinte à l’ordre public ou à la sécurité nationale.
    • Être condamné pour un crime en Espagne ou dans un autre pays avec des peines supérieures à un an de prison.
  3. Quelle est la durée de l’interdiction d’entrée ? L’interdiction d’entrée dans le pays peut varier selon les circonstances du cas, mais généralement, elle ne dépasse pas 5 ans. Dans des cas exceptionnels, tels que des menaces graves pour l’ordre public ou la sécurité nationale, l’interdiction peut être portée à 10 ans.
  4. Comment la procédure d’expulsion est-elle lancée ? La procédure d’expulsion peut être engagée d’office ou suite à une dénonciation. Il existe deux types de procédures : prioritaire et ordinaire. La procédure prioritaire est généralement plus rapide et est appliquée dans des cas graves, comme lorsque l’étranger est en situation irrégulière ou a commis des infractions très graves.
  5. Puis-je faire appel d’un ordre d’expulsion ? Oui, l’ordre d’expulsion peut être contesté. Il existe deux types de recours :
  6. Que se passe-t-il si l’expulsion n’est pas exécutée dans le délai imparti ? Si l’ordre d’expulsion n’est pas exécuté dans le délai, l’étranger peut demander l’annulation de la procédure, conformément à l’Article 225 du Règlement 557/2011.
  7. L’ordre d’expulsion peut-il être révoqué ? Oui, dans certaines situations, comme lorsque l’étranger présente une demande de séjour pour circonstances exceptionnelles ou lorsqu’il démontre que son expulsion affecterait son bien-être personnel ou familial. Dans ces cas, la procédure d’expulsion peut être archivée ou suspendue.
  8. Que se passe-t-il si je ne respecte pas le délai pour quitter le pays ? Si l’étranger ne quitte pas l’Espagne dans le délai volontaire, l’expulsion sera exécutée de manière forcée, et la police pourra procéder à l’arrestation et au retour forcé vers le pays d’origine.
  9. Puis-je éviter l’expulsion si j’ai de la famille en Espagne ? Si vous êtes un résident de longue durée ou avez des liens familiaux forts en Espagne, il est possible que l’expulsion soit réexaminée ou suspendue. Cependant, si l’infraction est grave, l’expulsion pourrait être maintenue.
  10. L’exécution de l’expulsion peut-elle être suspendue si j’ai un enfant ou un conjoint en Espagne ? Dans certains cas, si l’expulsion touche un étranger ayant des enfants mineurs ou un conjoint résidant légalement en Espagne, des preuves peuvent être présentées pour justifier la suspension temporaire de l’expulsion.
  11. Une sanction moins sévère que l’expulsion peut-elle être appliquée ? Dans certains cas, si l’infraction commise n’est pas trop grave, des sanctions moins sévères, comme une amende, peuvent être choisies à la place de l’expulsion. Cela dépendra des circonstances du cas et de l’interprétation de la loi par les autorités compétentes.
  12. Un ordre d’expulsion peut-il être appliqué si je suis déjà en train de demander un permis de séjour ? Oui, si la demande de séjour est en cours de traitement et n’a pas encore été accordée, l’ordre d’expulsion peut être exécuté. Cependant, si l’on prouve que l’étranger est en processus de régularisation et remplit les critères requis, l’expulsion peut être suspendue.
  13. Puis-je revenir en Espagne après avoir été expulsé ? En fonction de la durée de l’interdiction d’entrée, l’étranger pourra revenir en Espagne après la période stipulée. Pour pouvoir revenir, une nouvelle autorisation d’entrée devra être demandée une fois la période d’interdiction terminée.